samedi 28 mars 2009

VENTS CONTRAIRES



« On a quitté l’école, il n’était pas cinq heures et déjà vers l’ouest, le ciel s’obscurcissait. De l’autre côté des voies ferrées, la rue grimpait vers l’horizon barré d’immeubles. La maison en occupait l’extrémité, avec son crépi lézardé on l’aurait dite posée là au hasard, après ce n’étaient plus que des blocs monochromes qui s’agglutinaient sans fin vers les réseaux autoroutiers. Manon marchait à pas lents, progressait à contrecœur et redoutait la suite. Le long du trottoir, un camion grand ouvert lui donnait raison. S’y entassaient la plupart de nos meubles, tout juste cachés par les cartons. La petite a laissé échapper un cri. J’ai pris sa main et l’ai guidée à l’intérieur de la maison. Tout y était vide et lépreux, de notre vie ne demeuraient que des traces. » Parce que son épouse a disparu un beau jour sans crier gare, parce que les recherches entreprises pendant toute une année n’ont jamais mené à la moindre piste, parce que tout espoir s’est évaporé, Paul Anderen décide de repartir à zéro avec ses deux jeunes enfants. Direction Saint-Malo, la ville de son enfance, et une petite maison qui surplombe la plage. Ni lui ni les enfants ne peuvent cependant s’arracher aux souvenirs du passé. Se reconstruire est une lutte de tous les instants.

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